lundi 22 mars 2010

Orphée....



Orphée/Manipulation (l'Orphée de La Soupe Cie, notre Orphée) c'est quoi ? on pourrait se le demander si l'on s'en tient à l'histoire. Après tout ce n'est qu'une peur transformée en mythe universel.



Mais voilà, Orphée/Manipulation, notre Orphée, c'est bien plus que cela. C'est l'aventure par la sensation. La relecture par le corps de l'objet d'une réflexion, l'expression vertigineuse d'une perte, l'ivresse d'une frayeur. C'est aussi, plus loin, à portée de politique, l'ambition d'une lutte pour la liberté, pour le libre arbitre, pour la déraison, pour l'Amour.

photos david siebert

Orphée musicien, Orphée courageux, Orphée éperdu ne pouvait que trouver échos dans une mise en scène multipliant les points de vue, les diffractions, les étrangetés. D'audace il est question lorsque musique, image, perspectives, absence de texte et élévation de l'objet marionnette se mettent de cette manière au service d'une plongée effrayante, vibrante, passionnée dans les sombres bas fonds d'une histoire.


Orphée/Manipulation, notre Orphée, se veut un désir de spectacle en dehors des conventions esthétiques et des demandes plates d'un simple divertissement.
Oui l'on ri, oui l'on s'émeut, oui l'on s'inquiète, oui l'on entend l'inouïe et l'on voit l'inracontable. Mais sans mot, c'est aussi une immersion, un rapport à l'ivresse, à l'éblouissement, à la fantasmagorie, à la berlue. Un trip.



Oui, Orphée/Manipulation, notre Orphée, s'autorise les télescopages, les collages, les chausses trappes mais pour mieux servir le sens d'une épopée aussi intime que partagée.


L'universel à porté de regard. Le mythe en modèle réduit.


Et puis au delà du spectacle, une ambition. Celle de ne pas tomber dans la demande. D'offrir une question, une proposition. D'élever la confrontation. Un spectacle pour tous envahi par les empreintes de domaines esthétiques en mutation, en révolution, en pleine évolution.
Musique nourri des avancée spectrales, du monde révolutionnaire des musiques improvisées, du mystère de l'électroacoustique, de la douceur d'un saxophone diaphane ou les multiphoniques s'envolent, où le tube (car c'est aussi cela un saxophone) explore la mécanique des fluides.
Images manipulées, transformées, projetées, déréalisée.
Marionnette aux proportions démultipliées, à l'ombre exalté, aux manipulations opposant fragilité et finesse au déluge visuel et sonore. Théâtre de l'ombre, du muet, de l'inattendu, du non-dit. Objet autonome, qui passe, qui transperce, qui s'éloigne…


Il faut un jour faire fi des ambitions populaires qui tournent le dos à l'intelligence, à la création. C'est un double mouvement, une synergie. Orphée/Manipulation, notre Orphée n'est pas une réponse marchande mais une déclaration. La provocation au choix, à l'avis, à la singularité du regard, au partage collectif d'une émotion individuelle. On aime, on aime pas, qu'importe finalement car devant les regards existe une dynamique, une tentative d'aller plus loin, la volonté d'échanger par la curiosité.


Il faut venir voir et entendre Orphée/Manipulation, notre Orphée, avec l'envie de se laisser porter, avec l'envie d'en découdre, avec le besoin de se faire embarquer.

aa


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